La question de l'énergie est spécifique dans les territoires ultra-marins, puisque l'essentiel de l'énergie est acheminé depuis les continents, et la consommation, très largement électrique, est généralement produite à partir de moyens fortement générateurs de carbone.

Il apparaît donc nécessaire de travailler à la maîtrise des consommations énergétiques, tant pour réduire les dépenses associées que pour limiter les émissions de carbone qui sont proportionnellement bien plus importantes qu'en métropole, au kWh consommé. C'est l'objet du programme ECCO DOM¹, soutenu par l'État dans le cadre du dispositif des CEE.

Accompagner la maîtrise des consommations énergétiques du secteur résidentiel

S'agissant du secteur résidentiel, une croissance de la consommation électrique est à souligner, entraînée notamment par les usages – électroménager, multimédia, eau chaude sanitaire –, mais également de façon croissante par les systèmes de climatisation, dont le potentiel de développement reste élevé et qui, globalement, favorisent les îlots de chaleur urbains (ICU).

L'un des enjeux forts du projet ECCO DOM, porté par le CSTB et l'USHOM (Union Sociale pour l'Habitat en Outre-Mer), est donc d'accompagner la maîtrise des consommations énergétiques, en particulier électriques, et la maîtrise du confort thermique dans les logements sociaux, tout en maîtrisant le recours à la climatisation. Il s'agit donc de qualifier l'équilibre entre usages, consommation d'énergie, conditions sanitaires et confort.

Ce programme de R&D et d'instrumentation in situ comporte aussi un volet important d'information, de sensibilisation et d'accompagnement des ménages et des personnels de proximité des bailleurs sociaux, pour travailler sur ces enjeux de consommation énergétique et de confort.

...logements sociaux récents et parcs plus anciens

Des travaux sont engagés sur le parc social récent, mais aussi ancien, au regard des réglementations qui ont été développées en Outre-mer. Depuis une dizaine d'années, du fait de la mise en place de la réglementation thermique, les logements sont conçus suivant une approche bioclimatique, tandis que le parc plus ancien n'a, à l'époque de sa conception, pas systématiquement fait l'objet de dispositions favorisant le rafraîchissement passif, par exemple par la ventilation naturelle en logements traversants.

Le projet vise donc à aider les ménages équipés de climatisation dans la maîtrise de leur consommation énergétique, mais aussi d'accompagner ceux qui n'en sont pas équipés dans la gestion du confort thermique. Et de prévoir, en lien avec les maîtrises d'ouvrage, quelles pourront être les conditions de confort futures, et quelles solutions pourront être apportées, en particulier dans le contexte du changement climatique.

Durant les deux premières années du projet (2020-2021), le CSTB pilote les actions focalisées sur le logement social : instrumentation, exploitation et analyse de toutes les mesures réalisées dans l'échantillon de logements retenu. Sur l'ensemble des cinq DOM, 200 logements seront équipés de capteurs thermiques et d'humidité et les données des compteurs énergétiques seront collectées. Dans une vingtaine de logements, une instrumentation plus poussée permettra de caractériser également les conditions d'éclairement naturel et de confort acoustique. En effet, la gestion du confort thermique dans les logements est largement influencée par les bruits extérieurs, par l'utilisation des volets et des stores, qui doit être compatible avec les activités quotidiennes.

Pour un millier de logements, la consommation énergétique sera suivie grâce à des compteurs communicants. Toutes les données collectées seront exploitées pour accompagner au mieux les ménages concernés.

L'objectif à terme est de définir des méthodes et de concevoir des outils permettant de répliquer cette démarche auprès d'autres ménages, de manière à élaborer un dispositif d'accompagnement personnalisé reposant notamment sur des conseils et des écogestes, croisant les enjeux de consommation énergétique, de confort et de santé.

Une seconde phase, pilotée par l'USHOM, consistera à concevoir le plan de sensibilisation, de formation et d'accompagnement des ménages et son déploiement dans les années 2 et 3. Le CSTB apportera sa contribution en partageant ses connaissances utiles et pertinentes au projet et dans sa gestion et sa communication. Cette seconde phase concernera les logements sociaux et sera étendue à quelques bâtiments tertiaires.

La démarche sera conduite de façon ouverte avec les 17 organismes de logement social en Outre-mer, qui seront invités à rejoindre le programme et à proposer des logements à instrumenter ainsi que des ménages volontaires à accompagner.

Ces problématiques observées en climat chaud, et les résultats de ce programme expérimental, méthodes et outils développés, constitueront une matière à réflexion pour faire progresser les connaissances qui pourront être mobilisées afin de répondre aux enjeux des espaces urbains soumis au changement climatique. En effet, ces travaux en milieu ultramarin, représentent un véritable observatoire pour les grandes agglomérations métropolitaines qui rencontreront à l'avenir des problèmes similaires en lien avec le réchauffement climatique, l'inconfort thermique et l'évolution des usages nécessaire en termes de consommation énergétique.